"Il est né à Sainte-Croix, un petit village de la région d’Yverdon, dans le nord-vaudois, mais c’est depuis Bangui, en Centrafrique, que ce Vaudois aux origines espagnoles a répondu à notre appel pour discuter de football et de voyages. On vous emmène en Afrique aujourd’hui à la découverte du sélectionneur de la Centrafrique, Raoul Savoy."

13.09.2022
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Football et voyage, épisode 2 - Raoul Savoy le Vaudois qui a parcouru toute l’Afrique

Auteur
Jonathan Amorim

Un parcours dans le football régional suisse pour débuter

C'est un parcours que des milliers de joueurs et d'entraîneurs de notre football national ont connu. Des débuts dans le club du village avant de rejoindre le grand club de sa région, puis d'effectuer une honorable carrière de joueur amateur entre la première et la troisième ligue. La carrière de joueur de Raoul Savoy s’arrête toutefois rapidement, à 28 ans, à cause de douleurs à l'épaule. Il se tourne alors vers son autre casquette, qu’il porte depuis de nombreuses années dans les équipes de juniors des clubs qu’il a jusqu'à présent représentés : entraîneur. Une opportunité se présente dans la région neuchâteloise, en 3e ligue. Le début d’une nouvelle vie : « J’ai toujours entraîné, depuis mes vingt ans. Je le faisais en parallèle de mon activité de joueur. Lorsque j’ai arrêté, une opportunité s’est présentée et je l’ai saisie. » Comme beaucoup de joueurs et d'entraîneurs amateurs, la carrière de Raoul Savoy est marquée par des séjours à l'étranger, des moments toujours inoubliables : « En juniors, on était parti dans le sud de la France, une expérience incroyable. Plus tard, avec Yverdon, on était allé en camp d’entraînement en Égypte, proche du Caire, c’était également fantastique. Les conditions étaient bien différentes, plus professionnelles, mais les deux séjours restent gravés dans ma mémoire. » Plus tard, lors de ces retours en Suisse en tant qu'entraîneur professionnel, il connaît de nouvelles expériences aux commandes des M21 de Sion et de la première équipe de Xamax : « Avec Sion, on était parti en Suisse alémanique pour un stage, c’était très instructif. Avec Neuchâtel Xamax, j’avais eu l’opportunité de partir à Huelva en Espagne et à Dubaï, aux Émirats arabes unis, où les conditions étaient vraiment parfaites.»



Aux cinq coins de l’Afrique en passant par…l’Ecosse

L’actuel sélectionneur de la République centrafricaine présente un CV aussi impressionnant que peu commun. Après ces expériences dans le football de sa région natale, il prend la direction, un jour, de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire pour y rejoindre un Valaisan qui officie dans un club local, Christian Zermatten : « J’ai noué rapidement des contacts sur place où les dirigeants ont apprécié mon discours. Une chose en entraînant une autre, je me suis retrouvé au Cameroun, aux commandes du Tonerre Yaoundé, un puissant club de la capitale. » Pour se perfectionner et pouvoir officier au plus haut niveau, le Vaudois doit passer ses diplômes. Des diplômes UEFA difficiles à obtenir, encore plus lorsque l’on entraîne dans un autre continent : « En Suisse, on me mettait des bâtons dans les roues, mais j’ai reçu une invitation venant d’Écosse et j’ai passé mes diplômes près de Glasgow dans un centre ultra-professionnel. Durant trois ans, j’ai fait des allers-retours entre l’Afrique et l’Écosse pour des modules de 15 à 22 jours. Il y avait également passablement de travail à la maison. Une expérience enrichissante qui m'a permis de créer pas mal de contacts également. » Ses diplômes en poche, Raoul Savoy parcourt littéralement le continent en long et en large depuis 2003. Il entraîne au Maghreb (COD Moknes, SCC Mohammédia, MC Oujda et IR Tanger au Maroc et MC Oran et MC El Eulma en Algérie), en Afrique de l’Est en reprenant l’équipe nationale d’Éthiopie, dans le sud du continent à la tête de la sélection du Swaziland, dans l’ouest avec la Gambie et donc, aujourd’hui, au centre avec la République centrafricaine. Autant d’expériences que de cultures et d’approches différentes du football : « Sans tomber dans la généralisation, il est vrai que l’on rencontre des caractéristiques différentes dans chaque région. Au nord et au sud, il y a une forte pression médiatique. Le Maghreb, c’est très technique. L’Est très physique, alors qu’à l’ouest on va plus assister à du football à l’anglaise, du Kick and Rush. Dans le centre, c’est un mélange des styles. Dans le sud, c’est peut-être un plus tactique. La ferveur populaire est présente partout par contre, avec des stades pleins et une passion pour le football énorme sur tout le continent. Il faut également jongler avec les différentes religions, les langues ou encore les ethnies présentes dans chaque pays. C’est passionnant humainement et sportivement. »




Un continent énorme, une logistique difficile mais qui s’améliore

L’Afrique est le deuxième plus grand continent du globe, derrière l’Asie (en séparant l’Amérique du Sud et du Nord). Par conséquent, la logistique et l’organisation qu’engendrent les déplacements d’une équipe nationale sont parfois compliqués. Raoul Savoy est devenu un expert du phénomène après ses longues années passées sur le continent. Il explique : « Depuis mon arrivée dans les années 2000, beaucoup d’éléments comme les liaisons aériennes se sont améliorés. L’Afrique reste une région du monde complexe avec pas mal de zones d’affluence et un système de visas encore bien en place contrairement à l’Europe. Lors de nos nombreux déplacements, il faut donc une équipe, une organisation et une anticipation extrêmement rigoureuses pour éviter les problèmes. J’ai la chance de pouvoir compter sur un Team Manager expérimenté et compétent qui s’occupe de tout. Cette logistique est importante car elle permet d’éviter la fatigue, le stress et l’énervement dans le staff avant nos rencontres importantes. » Une fois arrivée sur place, une délégation professionnelle comptant jusqu’à 50 personnes doit parvenir à se déplacer de manière efficace. Ce qui peut être parfois compliqué dans des mégalopoles comme Le Caire, Kinshasa ou Johannesburg : « Avec l’expérience acquise, on arrive à présent à éviter la plupart des problèmes liés à la logistique. Il faut toutefois faire preuve de souplesse sur place. Et certaines fédérations sont connues pour mettre des bâtons dans les roues de leurs adversaires, il faut faire avec et tenter, à nouveau, d’anticiper au maximum. »




Le parcours du natif de Sainte-Croix en Afrique est, depuis 2003, partagé entre sélections nationales et clubs professionnels. Des responsabilités bien différentes mais avec un cadre démographique et culturel commun, à savoir le continent africain où la pratique des camps d’entraînement est également ancrée dans la mentalité des équipes de football : « Tous les clubs partent en stage d’entraînement. Il y a trois types de camp d’entraînement : celui à l’interne dans le pays mais dans une autre région, celui dans un pays voisin ou dans un autre pays africain et celui sur un autre continent. Les clubs les plus aisés financièrement se rendent parfois en Europe, au Portugal ou en Turquie, alors que d’autres apprécient également fortement les pays du Golfe et des destinations comme Dubaï. » Ces camps d’entraînement, qui peuvent durer jusqu’à un mois selon Raoul Savoy, se déroulent également en période de préparation et avec les mêmes objectifs que les équipes professionnelles européennes ou les plus petites équipes amateurs suisses qui décident de partir en Espagne ou en Turquie : « On recherche un nouveau cadre. Au Maroc, je suis parti plusieurs fois en montagne chercher la fraîcheur et d’autres fois en bord de mer par exemple. Le Maroc et la Tunisie sont deux excellentes destinations pour les équipes de football grâce à leurs infrastructures sportives et leur sens de l’accueil acquis grâce au patrimoine touristique de ces pays. La Tanzanie et l’Afrique du Sud sont également deux pays avec de très bonnes infrastructures d’accueil. »

Une passerelle avec la Suisse

Malgré ses longues années d’activité sur le continent africain, Raoul Savoy n’en oublie pas ses origines suisses. Il vient par ailleurs d’élargir son staff avec un analyste vidéo et un préparateur physique, tous deux originaires de notre pays. Cette relation lui avait également permis d’apporter des joueurs de qualité à la République centrafricaine, comme l’attaquant Frédéric Nimani (formé à l'AS Monaco) qu’il avait entraîné à Xamax. Au point d’envisager un retour dans son pays natal ? « Si une opportunité se présente, pourquoi pas. Entraîner en Suisse a pendant longtemps été une volonté, ça ne l’est plus forcément aujourd’hui. J’ai eu la chance de le faire à Xamax aux côtés de Victor Muñoz et à Sion en M21 sous la présidence de Monsieur Christian Constantin. »

Alors, le globetrotter vaudois aurait-il un conseil à donner aux nombreux entraîneurs amateurs qui envisagent un camp d’entraînement à l’étranger avec leur équipe cet hiver ? Bien sûr que oui : « Ce que je peux conseiller, c’est d’adapter son camp d’entraînement, son projet à son équipe et à ses volontés. Cela ne sert à rien de trop vouloir en faire. Le séjour doit rester un moment fantastique et inoubliable. »


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